PAR | AVNER PONCE
Présenté à la dernière Mostra de Venise, en septembre dernier, et sorti aux États-Unis fin octobre, le huitième film de
Sofia Coppola, Priscilla, arrive sur les écrans français le mercredi 3 janvier. Après le « Elvis » de Baz Luhrmann,
c’est cette fois la femme derrière l’icône qui devient à son tour, star du film.
De l’avis de beaucoup, c’est le meilleur film de la réalisatrice depuis Lost In Translation, il y a près de vingt ans.
Aux États-Unis, le succès d’un film se mesure à ses performances au box-office et de ce côté-là, Priscilla a eu un peu de mal à se faire une place. Il faut dire qu’avec un peu plus de 2 300 salles projetant le film, il était loin des blockbusters de l’automne américain, Hunger Games, The Marvels ou encore Les Trolls, qui ont virtuellement tout raflé. Pourtant, après des débuts timides, le huitième film de Sofia Coppola pointait en novembre à la 10e place du classement talonnant les productions des grands studios. Mais pour la grande prêtresse du cinéma indépendant, l’essentiel n’est pas là et avant les dollars et critiques dithyrambiques dans les colonnes de la presse spécialisée, ce qui compte avant tout pour Sofia Coppola est le fait que le public retourne dans les salles et également, que Priscilla Presley ait apprécié la manière dont elle a mis en scène l’autobiographie de celle qui a été la femme d’Elvis pendant 6 ans, alors qu’elle n’était qu’une adolescente.
On l’avait découvert avec Virgin Suicides, Sofia Coppola aime réaliser des films sur l’adolescence et avec l’histoire de Priscilla Wagner Beaulieu, devenue Priscilla Presley un 1er mai 1967, à Las Vegas, quelque semaines avant ses 22 ans et neuf mois jour pour jour avant la naissance de leur fille Lisa Marie, disparue tragiquement il y a un an, le 12 janvier 1923. Les dates, l’âge, les chiffres sont au cœur de l’histoire de Priscilla, rencontrée par Elvis en Allemagne alors qu’il y effectue son service militaire et qu’elle y vit, sur la base de l’US Air Force où son beau-père a été affecté. Tourné en même temps que le biopic de Baz Luhrmann « Elvis », le long-métrage de Sofia Coppola met lui l’accent sur la face cachée de l’histoire du King, sur cette intimité dans laquelle une jeune femme s’est retrouvée entraînée, presque enchaînée et que certains ont qualifié de « prison dorée ». Une grande partie de l’intrigue se déroule en effet à Graceland, la demeure d’Elvis Presley à Memphis, lieu mythique pour des générations d’adorateurs et recréé de toutes pièces par la production et lieu d’enfermement et d’isolement pour la jeune Priscilla.
Adepte des anachronismes, Sofia Coppola livre ici une fresque criante de vérité de la vie quotidienne d’une histoire d’amour entre une lycéenne et LA plus grande star de son temps qui choquerait dans la société actuelle mais qui en son temps, et malgré la morale de l’époque, avait passionné l’Amérique. L’infidélité d’Elvis, ses excès de somnifères et d’amphétamines, que Priscilla a par ailleurs partagé par la force des choses, l’emprise que le King possédait sur sa jeune épouse, rien n’a été laissé de côté, mais rien n’a été exagéré. Le but de ce film n’est pas de dépeindre Elvis Presley d’une manière ou d’une autre, mais de montrer comment l’on vit, ou plutôt comment l’on survit lorsque l’on est « la femme de ». La scène ou le cinéma n’y sont évoqués que de façon lointaine car le sujet du film, c’est Priscilla et son interprétation magistrale par Cailee Spaeny.
Lors de la Mostra de Venise, la comédienne américaine de 25 ans a d’ailleurs reçu la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine, succédant au palmarès à Cate Blanchett et Penélope Cruz, entre autres. Dans le rôle d’Elvis, c’est Jacob Elordi, que l’on a notamment pu suivre dans la série HBO Euphoria, qui dépeint un Presley à la fois charismatique et manipulateur face à la jeunesse de celle qu’il finit par épouser, avant qu’elle ne le quitte, inévitablement après six années d’une union chaotique, mais désormais légendaire
PAR | AVNER PONCE
PAR | AVNER PONCE