PAR | AVNER PONCE
Il y a dix ans, le 11 décembre 2013, Kate Barry disparaissait, victime d’une chute de son appartement du 16ème arrondissement. Du 15 décembre au 20 mars 2024, le Quai de la Photo lui rend hommage au travers d’une exposition « My Own Space » présentant certaines de ses plus belles photos.
Elle avait 46 ans. La photographe britannique Kate Barry a traversé son époque discrètement, presque sur la pointe des pieds mais laisse derrière elle des photos d’une force gigantesque. Pourtant, ses paysages sont vides, humides et balayés par les éléments, ses portraits sont parfois torturés et sur ses auto-portraits, on ne voit que rarement son visage. Il n’est pas rare qu’un(e) photographe s’efface devant ses clichés, son œuvre, mais avec Kate Barry, le contraste est encore plus saisissant lorsque l’on connaît son héritage familial. Son père est le compositeur de musiques de films anglais John Barry, récompensé par 5 Oscars et sa mère, Jane Birkin. Elle a été élevée par Serge Gainsbourg, puis Jacques Doyon, les compagnons de sa mère et elle était la demi-sœur de Charlotte Gainsbourg et Lou Doyon. Cette dernière a d’ailleurs des mots infiniment tendres et poétiques pour raconter le travail de Kate, exposé pendant les trois prochains mois au Quai de la Photo, à Paris : « Elle doute, on tremble, elle tourne autour, chancelante et téméraire à la fois. Ses décors sont souvent désolés, les poses, les vêtements et la température ne sont pas agréables, cela ne l’intéresse pas, peut-être y a-t-il un désir que cela soit inconfortable. KB nous a révélé à tous ce que nous nous étions caché à nous-mêmes, ne se contentant jamais d’autre chose que simplement l’absolu. »
En parcourant les images laissées par Kate Barry, on comprend ce que Lou Doyon a voulu dire. Sur un cliché de Laetitia Casta réalisé en 2000, on peine à voir le mannequin glamour dans cette jeune femme aux cheveux tirés habillée d’une robe noire d’une grande sobriété et maladroitement assise sur une cloison faite de planches. Sa série de paysages dévoile des cours d’immeubles d’une rare tristesse ou des arrêts de bus en béton au milieu du désert, comme une manière de montrer des endroits où il y a parfois de la vie, mais pas tout le temps. Ou pas souvent. Kate Barry ne cherchait à montrer que l’essentiel et l’exceptionnel ou ce que l’on ne voit pas comme cette photo de mode montrant les jambes d’une femme perchée sur une chaise pliante avec un escarpin au pied gauche et l’autre jambe, sans chaussure, simplement habillée d’une résille blanche avec le pied exprimant justement, la liberté retrouvée. Kate Barry nous montrait la vie là on l’on ne l’attend pas. Elle a trouvé la mort en tombant de la fenêtre d’un appartement où elle venait d’emménager, d’une manière tragique, que l’on n’attendait pas.
Kate Barry
Du 15 décembre 2023 au 20 mars 2024
9 Port de la Gare, 75013 Paris
PAR | AVNER PONCE
PAR | AVNER PONCE