PAR | SANDRA SERPERO
Depuis vingt ans, Didier Beautemps et Valeria Sanchez animent ensemble l’Atelier Cos, un cabinet d’architecture qui a rénové, ou plutôt ré-imaginé certains des plus beaux hôtels et bâtiments de France, mais aussi d’ailleurs. Elle vient d’Argentine et effectue une grande partie du travail de création. Lui est français, et elle le qualifie volontiers « d’artiste fou » mais en ce qui concerne les idées, c’est un travail collectif, qu’ils effectuent ensemble, au bureau, en vacances oui à la maison.
Quand on lui demande si elle est la glace et lui le feu, elle n’est pas totalement d’accord, expliquant que cela peut aussi être le contraire mais que l’essentiel est que les deux ne soient pas le feu en même temps. « On essaie de voir la problématique par différents aspects. Nous sommes un couple donc c’est une remise en question que l’on peut faire n’importe quand. C’est une bonne méthodologie quand nous sommes confrontés à des problèmes » précise Didier. Mais de toute évidence, ils trouvent toujours la solution et la liste de leurs clients est là pour en témoigner. Le Cheval Blanc à Courchevel, l’Hôtel du Palais à Biarritz, le George V ou encore le Ritz, dont Didier est l’architecte « maison » depuis bientôt trente ans ont tous bénéficié de leur expertise et de leur vision.
Car ils veulent aller plus loin que simplement remplir leur mission lorsqu’ils s’emparent d’un projet. Après s’être imprégnés de l’atmosphère du lieu, de sa clientèle, de ses « coutumes », ils cherchent ce que l’on ne voit pas, ce qui est inattendu, comme de créer un nouveau jardin d’hiver au George V dans une partie de l’hôtel qui n’était pas destinée à cela. Ou plutôt qui avait été modifiée avec le temps. En cherchant dans les archives, Valeria a découvert que l’une des cours qui était initialement ouverte avait reçu un toit et tous deux ont donc pris la décision de lui redonner son aspect initial en aménageant de nouvelles verrières et la retransformer en patio extérieur. « La première partie du projet est une recherche tous azimuts, explique Valeria Sanchez. On en veut pas se fermer de portes. Nous voulons aller dans le ressenti et il faut être très perméable et absorber le plus d’informations possible car l’idée peut venir de n’importe où. Mais le but est de trouver le potentiel caché, et d’aller au-delà de ce que le client attend. »
C’est peut-être cela la touche Atelier Cos, laisser un petit peu de leur ADN dans celui du lieu, qu’il s’agisse d’un hôtel, d’une maison ou d’un bâtiment institutionnel, comme le démontre à son tour Didier Beautemps : « En étant architecte du Ritz, je connaissais chaque centimètre carré de l’hôtel par cœur, mais ce n’est pas ce que l’on me demandait. Il fallait trouver de nouvelles directions pour revenir à la vision de César Ritz et j’ai beaucoup travaillé sur la restauration des volumes initiaux. L’intelligence, c’est de mettre ce qu’il faut où il faut, trouver les atouts et ranger le reste derrière. Quand nous avons fini le chantier du Ritz, nous avions ajouté 25 escaliers et 18 ascenseurs, ce qui n’est pas rien pour un hôtel de cette taille. » Il aura fallu quatre ans de travaux pour redonner vie à cet hôtel de 25 000 m2 car tout était à nu selon Didier, tout a été repensé. Pour l’Hôtel du Palais à Biarritz, le chantier a été moins long mais s’est déroulé en trois temps et a été échelonné sur trois hivers, avec d’abord la piscine, la pool house et les cabines, puis la façade et enfin, l’intérieur que Didier et Valeria ont entièrement décoré. Le couple a également fait appel aux Artisans d’art pour redonner un coup de jeune aux meubles.
Artistes de la pierre et du volume, Didier Beautemps et Valeria Sanchez sont aussi des créateurs de rêve et avouent leur plaisir de travailler dans un domaine où les clients sont souvent à l’écoute de leurs demandes, notamment en terme de budget, même s’il existe parfois un plafond de verre. « Chaque projet est un prototype conclut Didier. Nous avons la chance de travailler sur de beaux sujets et nous pouvons proposer des choses étonnantes. On ne se donne aucun frein. Si l’imagination en architecture a des limites, alors nous ne les avons pas encore trouvées. » À l’issue de l’un de leurs chantiers, une maison particulière, leur client les a remerciés de lui avoir offert son quatrième enfant. Un joli compliment qui correspond bien au mantra du couple, qui se nourrit des lieux avant de leur laisser un petit morceau d’âme.