PROPOS RECUEILLIS PAR | AMÉLIE BITOUN
Star des podiums dans les années 1990 et 2000, animatrice depuis plus de dix ans aux côtés de Michel Cymes sur France Télévision, ambassadrice de la Croix-Rouge, comédienne, Adriana Karembeu a toujours multiplié les projets, et quand elle a voulu prendre le temps de s’occuper de sa fille, elle est devenue propriétaire d’un hôtel à Marrakech. Entre deux avions, elle a pris le temps de répondre à Édition Limitée pour nous raconter son parcours hors du commun.
Adriana, vous êtes une véritable working-girl. Vous êtes à l’antenne depuis 11 ans avec Michel Cymes dans l’émission Les Pouvoirs Extraordinaires du Corps Humain. Les femmes jouent souvent les seconds rôles à la télévision. Comment avez-vous réussi dans le temps à imposer votre légitimité ?
C’est fou parce que pour cette émission, la productrice est venue me chercher dans le bureau de mon agent de l’époque. Nous avons eu un rendez-vous avec le réalisateur, avec qui je travaille toujours et je pense qu’ils m’ont dit deux phrases, et je savais que cette émission était pour moi. Je n’ai pas cherché forcément à travailler à la TV. Cette émission dure depuis 11 ans maintenant.
Comment vous ont-ils convaincue ?
« C’est une émission sur la santé. » Cela veut dire c’est une émission médicale. Et là, avec mes trois ans de médecine, je suis crédible, c’est pour moi. C’est un univers dans lequel je suis bien. J’ai des connaissances et je suis formée.
Vous êtes-vous tout de suite sentie légitime auprès de Michel Cymes ou avez-vous senti que vous avez dû faire vos preuves ? Il avait peut-être des préjugés sur vous au départ ?
Comme tout le monde, mais surtout c’est un animateur qui avait l’habitude et moi pas. Au début, lors les deux premières émissions, on apprenait à se connaître. Je ne savais pas de quoi il était fait, ni comment il réagit. Donc on observe, on apprend et on vit le truc. Au début, il fallait juste établir le rôle de chacun. Aujourd’hui, Michel est comme un frère pour moi.
Aujourd’hui, Michel est comme un frère pour moi.
Vous le savez, il y a de la concurrence en télévision, comme dans d’autres métiers et la déprogrammation de l’émission avec Michel Cymes et Léa Salamé a été reprise partout. Est-ce que vous avez compris le choix de France Télévisions ?
Là, je pense que c’est une grave erreur. Moi, je suis dans les médias en ce moment parce que j’ai divorcé, mais c’est un prétexte. Michel Cymes a beaucoup d’émissions et il est toujours avec quelqu’un, ou seul. Cela n’a jamais été une question, c’est ce qu’il fait depuis dix ans. Je n’ai rien compris, et lui non plus d’ailleurs. Moi je n’ai qu’une émission avec lui, je n’ai aucune prétention de lui coller à la peau tout le temps. C’est comme si vous me disiez : « Vous êtes ambassadrice de la Croix-Rouge avec Marc Lévy. Est-ce que Michel Cymes l’a mal pris ? Évidemment, non ! »
Vous êtes devenue mère à 46 ans. Quelle maman êtes-vous ?
Nina est collée à moi. Jusqu’à ses trois ans, je n’avais pas de nounou, j’ai vécu avec elle. Et ma fille dort avec moi, donc c’est vraiment 24h/24. Ce sont des moments tellement précieux. Je voulais d’ailleurs arrêter de travailler et mon agent m’a appelé il y a un an et demi et m’a proposé de faire une fiction. Je n’en avais pas envie. Mais j’ai accepté quand même et j’ai passé un mois de tournage à voir ma fille tous les trois ou quatre jours et là, j’ai eu un déclic. Maintenant, je ne peux même pas imaginer comment j’ai cru pouvoir rester sans rien faire. Je suis en permanence entre Marrakech, Monaco et Paris, mais je me suis rendu compte que c’est ma vie en fait. C’est ce que j’ai dans mes veines. Donc soit j’emmène ma fille avec moi et c’est la nounou qui s’en occupe, soit je la laisse avec son papa et pour l’instant, je jongle, mais on y arrive assez bien.
Je me suis plainte toute ma vie de vivre à l’hôtel et aujourd’hui, je vis dans mon propre hôtel.
Vous arrivez à vous organiser et vous avez trouvé votre équilibre comme ça ?
Pour l’instant c’est ça, et c’est nouveau. Mais j’ai un agenda que je n’avais pas à 25 ans. Heureusement que je suis un peu plus mature car vraiment, c’est une organisation à la seconde près. Après cette interview, j’en ai une autre, puis un shooting, après le récupère ma fille à l’école et on file à l’aéroport.
Vous vous êtes lancée dans une nouvelle aventure, celle de construire un hôtel à Marrakech avec votre ex-mari. Comment est né ce projet ?
En réalité, on voulait faire notre maison avec mon ex-mari. On avait le terrain, on voulait construire une maison de rêve et mon mari n’arrêtait pas de rajouter des chambres, pour les amis et un jour, je lui ai dit : « Franchement, fais un hôtel parce qu’on y est presque là. » Le lendemain, il se réveille et il me dit : « Tu sais quoi ? On va le faire. » C’est un hôtel où l’on se sent comme à la maison. Nous prenons de plus en plus de clients qui aiment l’hôtel Mamounia ou le Royal Mansour ,et cela nous fait très plaisir car ils nous disent qu’ils ont l’impression d’être dans un hôtel particulier. C’est plus chaleureux.
Vous accueillez les clients ? C’est quoi leur réaction quand ils vous voient ? Les gens viennent pour vous, pour le Palais Ronsard ?
Oui, car j’habite dedans et c’est vrai qu’ils me cherchent. Dès qu’ils voient sur les réseaux sociaux que je suis là, bien ils viennent. Cela fait plaisir car c’est vraiment très mignon.
C’est fou de vivre dans son propre hôtel !
Toute ma vie je me suis plainte de vivre à l’hôtel. Avec mon premier mari, comme il changeait souvent de club, on vivait beaucoup à l’hôtel. On y était tout le temps. Et à la fin, quand enfin je me suis dit : « Je vais m’installer quelque part », je construis un hôtel pour vivre. Il y a deux endroits où je me sens à la maison, c’est l’aéroport et les hôtels. J’y suis chez moi. On pense qu’un hôtel c’est anonyme mais pas du tout. Pour moi, un hôtel c’est une famille.
Pourquoi vous appelle-t-on toujours Adriana Karembeu ? Avez-vous eu envie de changer de nom ?
En fait, c’est mon nom de travail. J’ai vécu 16 ans avec Christian et j’ai essayé d’utiliser mon nom de jeune fille mais franchement, les gens ne savent pas qui je suis avec ce nom. C’est extrêmement compliqué. Après, en privé, je n’utilise pas. Je ne sais plus quoi faire avec ce nom. Ma fille, bien évidemment, elle ne s’appelle pas comme ça, moi je ne m’appelle pas comme ça. Dès que je sors quelque part, à chaque fois, j’insiste et je demande : « Appelez-moi Adriana. » Mais je peux comprendre aussi que pour beaucoup de gens, ce n’est pas normal.
Vous êtes très investie dans l’associatif. Quelle est aujourd’hui votre relation avec la Croix-Rouge ? N’avez-vous pas eu envie un moment de créer votre propre association ?
Ma mère est médecin, ma grand-mère était infirmière, c’est mon univers, celui dans lequel j’ai baigné jusqu’à mes vingt ans : aider les gens qui sont en souffrance. Si jamais je peux apporter la lumière sur des sujets qui sont importants, pour lesquels je me sens concernée, comment pourrais-je ne pas le faire ? Cela fait bientôt 24 ans que je suis ambassadrice de la Croix-Rouge. Avant moi, il n’en avait jamais eu. Quand il y a la notoriété, les gens s’intéressent. Ils me l’ont dit eux-mêmes, parfois, ils font des conférences de presse sur un sujet et il n’y a pas un journaliste qui vient. Si je suis là, ils viennent.
Sur les réseaux, vous êtes active mais sur votre compte Instagram, vous êtes très naturelle, vous partagez des astuces et des vidéos, comme une copine. C’est voulu de votre part ? Vous avez quelqu’un qui gère votre compte ?
L’idée que je me prenne en photo ou que je filme quelque chose de mon intimité me rendait folle. Aujourd’hui, c’est un bon moyen de communiquer sur soi. En plus moi je suis hyper solitaire donc cela me permet de m’ouvrir.
Est-ce que vous faites attention à ne pas exposer votre fille ?
Les rares photos que je fais dans les magazines avec ma fille, c’est maîtrisé. Je le fais de temps en temps car je sais que si je ne le fais pas, ils vont le faire quand même. Sur les réseaux, je ne la montre pas. Je montre un aperçu, ou un angle où elle n’est pas reconnaissable.
Si n’importe quel couturier parisien m’appelle, franchement, je suis prête.
Vous avez rendu un très bel hommage à Paco Rabanne, dont vous étiez proche, mais aussi à Vivienne Westwood et Thierry Mugler. Quels étaient vos rapports avec ces génies de la couture ?
Cela m’a replongé dans les souvenirs que j’avais avec Paco et l’univers tellement riche dans sa tête, et j’ai adoré notre relation. Ce Monsieur m’a choisie pour ses créations et pour représenter son art, et cela, quand on est mannequin, c’est comme un cadeau. Il s’exprimait beaucoup sur ses pensées, ses visions, sur sa vie et partager cela avec moi m’a fait me sentir privilégiée.
Avec Thierry Mugler, quand je suis arrivée en France, j’ai vu ses défilés, et c’était surhumain. Les femmes étaient des créatures sublimissimes. Je ne pense pas qu’il y avait un autre créateur qui rendait les femmes aussi belles.
Défiler pour lui était un rêve pour vous ?
Je me disais : « Ils ne vont jamais me choisir, je ne suis pas assez jolie. » Quand on se changeait dans les coulisses, on avait des petites loges et je regardais les filles. Elles étaient toutes plus belles les unes que les autres. C’étaient les plus belles femmes de la terre, je me demandais ce que je faisais là.
Alors justement Adriana, quand allons-nous vous voir défiler de nouveau ?
Si n’importe quel couturier parisien m’appelle, franchement, je suis prête. Aujourd’hui la femme existe à cinquante ans, elle a ce pouvoir, même si elle est moins belle. Je me sens mieux que jamais aujourd’hui. J’espère juste que ma santé va aller, pour le reste, il n’y a aucun souci.
Aujourd’hui, dans le monde de la beauté, de la mode, de l’influence, quand on dépasse 40 ans, il y a beaucoup de femmes qui ont recours à la chirurgie esthétique. C’est quoi votre vision par rapport à cela ? Est-ce que vous y avez déjà eu recours ?
Mais il y a aussi beaucoup de femmes qui ne le font pas du tout avec des anciens mannequins comme Estelle (Lefébure, ndlr). D’ailleurs cela se voit mais je trouve ça bien. Moi je fronce sans arrêt mon front et peut-être que les rides vont s’installer et que je ferais du Botox.
Donc vous n’avez pas recours à la médecine esthétique ?
Je n’ai même pas refait mes seins. Rien du tout. Je ne suis pas contre, et peut-être que je ferai quelques petites choses mais simplement pour me sentir bien. Je n’ai pas envie que cela me transforme et ressembler à Madonna. Je comprends les motivations et je comprends que quand on est une jeune femme, on ait envie de rester jolie car c’est un pouvoir énorme. Et le jour où on le perd, c’est compliqué, j’en suis consciente.
C’est fort de ne jamais l’avoir fait alors que votre image fait partie de votre métier.
C’est peut-être une grosse erreur ! Je vais y aller demain alors (rires). Mais j’ai peur que les gens le remarquent. Par exemple, Nicole Kidman, cela se voit ce qu’elle fait. Moi je le vois. Peut-être serait-elle moins bien sans. Et peut-être que je serais plus jolie si j’avais un lifting ? J’ai croisé un jour un chirurgien esthétique dans un avion. Il était assis à côté de moi et je lui ai posé la question: « Qu’est-ce que feriez sur moi si vous deviez faire une intervention? » Il m’a répondu: « Mais Madame Karembeu, moi je ne vous toucherai jamais ! Je ne prendrais pas ce risque. » À la limite, je ferai peut-être un mini-lifting dans dix ans.